Les couleurs de Kyoto

Première escale japonaise, nous partons à la découverte de la traditionnelle ville de Kyoto. Bien loin des paysages et de l’ambiance du Sud-Est asiatique que nous parcourons depuis 2 mois… un décalage apprécié!

Kyoto semble être la capitale culturelle du Japon, avec 1600 temples boudhistes, une tripotée de jardins zen, 3 palais et plus de 600 mausolées, il est impossible d’en faire un tour exhaustif mais on s’imprègne avec plaisir des textures et des couleurs locales… Bienvenue au coeur du Japon traditionnel!


Vert Bamboo et jardins zen

Un des éléments que nous remarquons immédiatement (et qui nous change de nos destinations précédentes) est le “vert” que l’on trouve en abondance ici: de jolis parcs à l’abri du bruit de la ville, de charmants jardins japonais dissimulés entre les temples, de discrets cours d’eau aménagés qui traversent les quartiers de la vieille ville et, d’où que l’on se trouve, l’omniprésence des montagnes alentour. C’est une petite bouffée d’air après la chaleur et la poussière des trépidantes capitales du Sud-Est asiatiques, on respire…

On s’écoute même respirer dans les jardins japonais qui ont un drôle de pouvoir: ils appellent au calme et à la discrétion. C’est tellement raffiné, travaillé, précis qu’on ne se permettrait pas de perturber l’harmonie ambiante…

On développe notre Zen attitude.


Des temples d’ébène et d’or

Nous avons visité une ribambelle de temples depuis le début de nos pérégrinations en Asie, mais les temples Japonais ne ressemblent en rien aux grandioses Wats multicolores de Thailande, ni aux Pagodes chinoisantes du Vietnam.

Généralement construits en bois très foncé, ils en imposent au visiteur de par leurs dimensions et leurs reliefs peints en blanc, donnant à chaque détail sa profondeur. Là encore, une impression de calme et de sérénité nous envahit, décidément, on s’échauffe avant notre retraite de méditation au Cambodge!

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Une des majestueuses pagodes du temple Nanzen-ji

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Quelques touches de peinture blanche pour donner tout leur relief aux ornements du temple…

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… ou dorée pour encore plus d’éclat dans la lumière du soleil.

Le temple Kinkaku-ji fait office d’exception. Recouvert de feuilles d’or, il scintille au soleil et nous éblouit complètement… aux sens propre et figuré! Nous ferons trainer la balade dans cet endroit magique, observant les jardiniers sculpter le sable et tailler les branches des arbres aux ciseaux, et admirant le panorama de Kyoto depuis le sommet de la colline.

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Les kimonos fleuris de Kyoto

Kyoto est connue pour son attache au passé et aux traditions japonaises. Elle concentre à elle seule 20% des trésors culturels nationaux et s’évertue à préserver le folklore et les us les coutumes traditionnelles, c’est pourquoi elle attire aussi bien les visiteurs étrangers que nippons. Et quand on est Japonais et qu’on visite Kyoto, il semble y avoir un passage obligé: porter le Kimono.

Nous assistons donc, pour notre plus grand plaisir, à un spectacle mouvant au hasard des rues de Kyoto: c’est un éventail d’imprimés fleuris, de couleurs pastel ou vibrantes selon l’humeur de la propriétaire, de gros noeuds élégants, de socquettes blanches à volants et de geta en bois, claquant dans le silence des ruelles, tac-tac-tac… Silhouettes fleuries et discrètes, souvent en petit groupe, elles arpentent les rues de Kyoto avec légèreté et aisance malgré leurs drôles de chaussures et l’amplitude limitée de leur kimono.

Au hasard de nos pas, nous croiserons la route d’une vraie geisha, reconnaissable à son visage immaculé de poudre blanche et à une marque discrète dans la nuque. Vision éphémère d’une tradition passée dont il ne reste que de rares témoins…

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Tangerine, la couleur du culte

Vagabondays-109A la différence des temples, imposants de noirceur, les mausolées Japonais vibrent de couleur. Et pas n’importe laquelle, un orange foncé, puissant, lumineux.

Cela est notamment du aux Toriis, des portes symbolisant le passage du monde physique au monde spirituel.

Lorsqu’on traverse une de ces portes, il faut pouvoir revenir dans l’autre sens afin de retrouver le monde matériel et il est courant de voir les Japonais éviter une porte car ils savent qu’ils ne parcourrons pas le chemin inverse.

Le mausolée Fushimi Inari taisha de Kyoto est un magnifique exemple de couleur, offrant des centaines de toriis à perte de vue, dons de commerçants honorants Inari, dieu du commerce, et invoquant ses bonnes grâces pour leurs affaires. Il paraitrait que ce lieu abrite 32000 petites portes orange, ça donne le tournis!


Bois clair et tatamis

Après cette orgie de couleur, il est bon de calmer ses yeux et son esprit, et pour cela, rien de tel qu’un intérieur japonais. Du bois clair au sol et des couleurs naturelles, des portes en bois coulissantes, de petites lanternes en papier et un éclairage discret mais parfaitement maitrisé, on pourrait craindre le dépouillement mais l’ambiance est, au contraire, chaleureuse et confortable.

Nous explorons les petites ruelles de Kyoto à la recherche d’une porte entr’ouverte, jetant des coups d’oeil furtifs dans l’intimité des arrières-cour, nous arrêtant sur de jolis détails et prenant la mesure de la singularité de cet environnement, pour nous qui n’avions jusqu’alors jamais mis les pieds dans un pays développé d’Asie.


Noir, blanc et uniformes

Prenez le train ou le métro le matin à l’heure de pointe et vous serez pris dans une vague monochrome, celle des “salary men” japonais. Costumes noirs (tailleur pour les femmes) et chemises blanches, n’espérez pas de fantaisie, quelques rayures constitueront la seule petite touche frivole autorisée. Personne ne parle, tout le monde tire la tronche, et les smartphones perdent leurs premiers pourcentages de batterie, les Japonais vont au boulot.

 

A côté d’eux, les écoliers en uniforme. On les reconnait par leurs cheveux ébouriffés mais ils sont eux aussi copiés-collés. Tous en uniforme (noir et blanc pour changer), on les trouve parfois assis en rang d’oignon en attente des trains, silencieux et immobiles. On se demande ce que la situation aurait donné dans nos contrées… certainement un grand vacarme et un joyeux bordel. Il va nous falloir nous faire à la culture locale, faite de pudeur, discrétion et du suivi de l’ordre.

Vagabondays-91On apprend cependant grâce à notre super hôte que les Japonais, respectueux, discrets et parfois ternes le jour, savent aussi se défouler. L’un des passes temps favoris ici est le karaoké, on ira pousser la chansonnette dans un bar dédié et on s’amusera à écouter les locaux s’égosiller sans gêne sur les standards japonais jusqu’au bout de la nuit!

Mais il existe aussi des bars dont l’objectif est plus bizarre. Ils mettent en relation les clients avec de jolies jeunes filles payées pour…parler. Le dialogue ouvert semble en effet un luxe pour les Japonais qui préfèrent donc payer pour vider leur sac auprès d’une inconnue plutôt que de s’ouvrir à leur famille.

En attendant de rencontrer de jeunes Japonais prêts à élargir les carcans de la société traditionnelle, nous découvrons tout de même les spécificités culturelles locales et nous sommes vraiment dépaysés (tant par rapport à notre Occident natal et adopté qu’à l’Asie que nous avons découverte jusqu’à présent.)

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Et tout cela est possible grâce à Anthony, notre hôte Couchsurfing, que nous remercions mille fois pour nous avoir permis de rester à Kyoto assez longtemps pour nous imprégner des couleurs locales!

Discrétion, élégance et raffinement semblent être les maîtres mots du savoir vivre Japonais… d’ici à ce que nous affûtions nos impressions!

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