West Java & Ramadan

Nos premiers pas en Indonésie sont timides, notre itinéraire plutôt flou et notre connaissance des lieux quasi-inexistante, pourtant nous réalisons rapidement que notre timing n’est pas des plus pertinents… c’est la fin du Ramadan… et le début de la tourmente!

Un très rapide passage à Jakarta et nous sautons dans le premier train pour le Sud, la capitale bouillonne trop fort pour nous… nous entamons sans le savoir une course effrenée pour éviter les foules entraînées par l’Eid al-Fitr

Étape 1: Direction Bandung

Nous avons la chance de trouver un train de dernière minute en ce week end de fin de Ramadan où les transports sont pris d’assaut par les Indonésiens qui rentrent dans leurs familles pour célébrer la fin du jeûne. 6h de train pour parcourir 154 kms, cela n’est qu’un avant-goût de notre prochaine galère… mais nous ne réalisons pas encore cela, le trajet nous a offert de si jolis paysages…

La petite ville de Bandung en elle-même n’offre pas d’attrait touristique particulier, mais il nous suffit de louer un scooter pour en sortir et découvrir les merveilles alentour… C’est sans compter le traffic infernal que nous devons affronter pour effectivement sortir de Bandung et nous glisser dans la circulation chaotique de ce week end d’Eid al-Fitr.

Une fois nos sueurs froides passées, nous arrivons au sommet du volcan de Patuha, et parcourons les abords du cratère… Dès que l’odeur de souffre cesse de nous incommoder, nous pouvons apprécier le paysage lunaire qui s’offre à nous: une terre grise, ornée d’arbres calcinés, aux formes fantômatiques, où de discrets jets de vapeur venus des profondeurs du volcan offrent un semblant de mouvement, un décor qui plairait à Tim Burton!

Au centre se tient un lac parfaitement immobile… D’une couleur intrigante, il contraste avec le décor en lui donnant une clarté étrange, plus on s’approche et plus le spectre des beiges, jaunes et bleus s’entremêle en une étendue d’eau lumineuse, nous sommes au bord du cratère blanc!

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Redescendus du volcan, nous explorons les environs, et découvrons de petits villages nichés sur la montagne. Les flancs de celle-ci sont dessinés par les cultures locales qui forment d’étroits bandeaux symétriques aux textures variées.

Au détour d’un virage, nous nous retrouvons face à une étendue verte qui s’allonge à perte de vue en touffes géométriques et généreuses, nous voilà au coeur des champs de thé de Bandung. Des travailleurs ca et là relèvent la tête et emplissent leurs sacs à dos des feuilles tout juste récoltées, car la cueillette se fait ici toujours à la main


Étape 2: De Bandung à Batu Karas

Maintenant que nous sommes au fait des festivités de fin de Ramadan, notre priorité est de quitter les villes pour aller nous cacher loin de la civilisation, en attendant que les fêtes passent… nous portons notre choix sur le petit village de Batu Karas, en bord de mer où nous espérons échapper à la frénésie ambiante. Cette décision prise, il nous faudra toutefois nous y rendre… bienvenue dans le bus de l’enfer!

En Indonésie, le traffic est dense et les informations livrées avec parcimonie. En cette veille d’Eid al-Fitr, nous décidons donc de nous pointer à la gare routière au petit matin pour mettre toutes les chances de notre côté… Après une grosse heure d’attente et des négotiations ardues (les Indonésiens sont les plus féroces négociateurs du Sud-Est asiatique), nous voilà dans un bus, prêts à décoller. Ne nous réjouissons pas trop vite, il nous faudra encore attendre une heure avant que le bus soit plein et daigne démarrer. Et quand on dit plein, c’est littéralement plein à craquer: on s’entasse à 3 sur des sièges pour 2 personnes, de petits tabourets en plastique bleu encombrent les allées pour y asseoir davantage de passagers, certains vont jusqu’à s’installer par terre à côté du chauffeur… Il est temps de méditer un petit coup pour éviter la crise de claustrophobie et oublier nos jambes trop longues qui s’écrasent dans le siège en avant.

Et on décolle finalement… à vitesse d’escargot! Le traffic est dément, des files de scooters serpentent entre les véhicules, les voitures sont bourrées à craquer de passagers et de victuailles, et notre gros bus encombrant prend son rythme de croisière entre 20 et 30 km/h en vitesse de pointe. On nous a annoncé un trajet de 7h, je m’accrocherai à cet espoir jusqu’au dernier instant…

On lit, on dort, on observe le décor par la fenêtre, on laisse nos pensées vagabonder… et 5h plus tard, on commence à se demander si le chauffeur à l’intention de faire une pause ou non… On ne peut tout de même pas être les seuls dans ce bus bondé à avoir les vessies proches de l’implosion?? On se tortille, on essaie de penser a autre chose, on voudrait bien passer le temps en mangeant nos sandwiches mais vu que tous les passagers jeûnent, on ne voudrait pas se faire jeter dehors en déballant nos oeufs durs… N’y tenant plus, on insiste auprès du chauffeur pour faire une pause et on se rue dehors comme des poules sans tête… ouf, un peu d’air!

Break bienvenue: on s’étire, on sautille, on se goinfre en cachette, on fait des selfies avec les mamies du bus (l’expérience nous montrera que les Indonésiens adorent se prendre en photo avec nous).

… et puis, bon gré mal gré, il faudra remonter dans le bus pour 8 nouvelles heures de bonheur…

De Bandung à Pangandaran, 192km, 13 heures dans le bus de l’enfer…

Et les réjouissances ne s’arrêtent pas là, nous devrons prendre un mini van pour rejoindre la petite ville de Cijulang (+1h) et enfin 2 scooters-taxi pour arriver à Batu Karas 30 min plus tard, fourbus et grognons, dans la nuit noire…

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 Étape 3 – Cachés à Batu Karas

Mais au matin, quelle belle surprise de trouver, sur le pas de notre porte, une plage déserte et une mer bleu azur bercée par de gros rouleaux prometteurs pour les surfers, novices ou avertis, qui peuplent le village. L’inconfort de la veille est oublié, nous avons franchi le purgatoire pour arriver au paradis!

Revigorés, nous prenons la résolution de nous initier au surf... Quelques tasses plus tard, le ventre râpé et les genoux esquintés, j’abandonne l’apprentissage mais continuerai d’encourager Oscar qui persiste…et signe! Au troisième jour, le voilà debout, la planche vissée au pied, glissant sur l’écume, d’un équilibre fragile mais fier, la mèche au vent et le regard au loin, jusqu’à épuisement du rouleau. Bravo!

Nos journées s’écoulent doucement, de lectures en séances de surf et baignades, pieds sabloneux et peaux salées, on profite du calme…qui ne durera pas.

Au matin du quatrième jour, nous nous levons dans le bruit, les klaxons et les cris… nous sommes cernés! La plage, jusque là paisible et rythmée par les seules marées, est noire de touristes Indonésiens, la mer grouille de familles qui pataugent toutes habillées dans l’eau, les scooters vrombissent partout dans les rues, les sifflets de ceux qui tentent d’organiser la circulation emplissent l’air… fini la tranquillité.

Nous nous sauvons donc pour la journée et découvrons le Canyon vert, une merveille! Pendant 5h, nous parcourrons ses eaux émeraudes en body-rafting, sauterons de ses falaises, nous rafraichirons dans ses petites cascades d’eau de pluie… une très jolie parenthèse dans une nature époustouflante que nous inscrivons comme l’un des plus beaux paysages que nous ayons parcouru pendant ce voyage.

 

Nous retrouvons Batu Karas à la nuit tombée, et dans nos yeux désolés se reflète la plage misérablement souillée par tous les détritus abandonnés là, emportés au matin par la marée et qui envahira bientôt l’océan et le détruira irrémédiablement… Note amère pour conclure cette belle journée…

Nous décidons donc de quitter notre village dénaturé par les foules, et cette magnifique plage que nous ne supportons plus de voir dans cet état.

Jour 1 vs. Jour 4 – le contraste est saisissant!

 

Heureusement, les festivités de fin de Ramadan s’achèvent bientôt, (nous nous souviendrons d’éviter cette période à l’avenir) et prenons la route pour notre prochaine destination!

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