Singapour l’ambivalente

Sans rien savoir de Singapour, nous plongeons la tête la première dans ses rues et découvrons les différentes facettes de cette ville-état… Suivez le guide!

Singapour n’a rien de comparable avec les pays du Sud-Est asiatique que nous avons parcourus jusque là. Petit archipel de 650 km2, le pays s’est détaché de sa grande soeur Malaysienne en 1965, s’est débarrassé des colons anglais en 1971, puis s’est efforcé avec succès de se développer jusqu’à ne rien avoir à envier aux grandes métropoles occidentales.

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Qualifiée de “Suisse d’Asie”, Singapour rayonne aujourd’hui non seulement sur l’Asie mais sur le monde de par ses activités portuaires et financières (paradis fiscal providentiel pour de nombreuses sociétés). À l’instar de la devise du pays “Puisse Singapour prospérer”, on s’aperçoit rapidement que le principe maître de Singapour est de faire de l’argent, beaucoup d’argent.

Avec une population de 5 millions d’habitants, dont 50% sont des étrangers (de l’expat Français aux petites mains Indiennes ou aux immigrants Chinois), Singapour nous offre à voir un contraste étonnant. Deux poids deux mesures qui nous sautent aux yeux mais qui constituent l’identité du pays.

Les couleurs locales de Singapour

Singapour est un Etat très cosmopolite, on s’en rend compte immédiatement. Toutes les couleurs se côtoient paisiblement dans le bus, mosquées, temples et églises s’alignent dans les rues et les quartiers portent le nom des communautés qu’ils abritent. La langue officielle est l’anglais mais nous entendons partout du chinois, du malais et du tamoul.

Nous vadrouillons donc dans Little India, Arab street, Chinatown et découvrons avec plaisir le mélange des genres, des cultures et des odeurs…

 

Ce mélange est une aubaine pour nos papilles, nous qui raffolons de street food! Nous plongeons dans les petites échoppes tenus par les Bengalis pour nous régaler de satay et de pratas dans Little India. Nous fonçons au marché de nuit de Paya Lebar pour goûter à toutes les spécialités avant de nous perdre dans les stands plus appétissants les uns que les autres de la foire alimentaire du Ramadan. Nous atteignons finalement l’extase en dégustant les dim sum chinois qui fondent dans notre bouche. Notre appétit est sans fin!

 

Nous sommes positivement surpris par ce mélange des communautés où chacun semble cohabiter paisiblement avec son voisin mais nous apprendrons, en parlant avec des locaux, que cela n’est parfois qu’une façade et que les communautés ne se ‘supportent’ que par peur des sanctions qui pourraient s’abattre en cas de racisme/discrimination.No-Durian-Sign-Singapore

Singapour semble en effet un État où les sanctions s’abattent facilement. Partout des signaux nous indiquent qu’il est interdit de boire dans le bus, de transporter un Durian dans le métro, de fumer hors des espaces dédiés, d’acheter une bière après 10h du soir… et lorsqu’on demande à un Singapourien le pourquoi d’une règle, il est souvent incapable de répondre. C’est juste “la règle”. Peu à peu, on s’aperçoit que la créativité, l’esprit critique et la réflexion personnelle ne sont pas vraiment les qualités premières des Singapouriens.

La communauté la plus importante est celle des Chinois qui représentent 76% de la population locale et qui sont en haut de la “chaîne alimentaire”. N’aspirant qu’à la réussite financière, ils s’adonnent en fin de semaine à leur activité favorite, le shopping. Singapour regorge de centres commerciaux et de boutiques de luxe immenses où il est bien vu de dépenser ostensiblement. Mais nous ne sommes pas surpris, nous avons déjà pu constater que le shopping est le sport national en Asie…

Arrivés lors de la colonisation britannique pour travailler dans les plantations et développer le commerce, les Chinois ont établi résidence à Singapour. On trouve leurs traces dans l’architecture des quartiers de Joo Chiat et de Katong, très charmants avec leurs petites maisons colorées. Ces maisons mitoyennes traditionnelles ont accueilli les premiers arrivants Chinois. Leurs façades aux couleurs pastel sont couvertes de scènes mythologiques et de divinités chinoises qui donnent une ambiance particulière au quartier. Il est très agréable de s’y promener.

 

À l’autre extrémité de la “chaîne alimentaire” se trouvent les travailleurs Indiens qu’on retrouve généralement sur les chantiers de construction en plein cagnard ou à la manoeuvre des travaux ingrats. Mais nous découvrons aussi le quotidien des petites domestiques Philippines qui s’apparente parfois à de l’esclavage moderne. Les jeunes Philippines viennent à Singapour pour trouver du travail afin d’envoyer le maximum d’argent à leur famille, elles se retrouvent donc souvent employées comme femmes de ménage/nourrices et vivent avec les familles qui les emploient. Nous avons vu l’espace qui leur est réservé dans les appartements, qui ressemble plus à un placard sans fenêtre ni intimité qu’à un espace de vie. Jusqu’à récemment, ces jeunes filles n’avaient pas de jours de congés, leurs passeports sont souvent confisqués par leurs employeurs, elles ont toujours pour interdiction d’avoir une vie amoureuse car Singapour ne veut pas assumer leur descendance et nul ne sait ce qui se passe dans le huit-clos des appartements… Sans argent à Singapour, il semble que vous n’ayez que peu de valeur.


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Le niveau de vie est très élevé à Singapour. Les loyers sont aussi chers qu’à New-York (voire plus élevés), la pinte de bière vous est facturée 15$, et vous devrez obtenir un permis pour posséder un véhicule dont le montant est aussi élevé que votre voiture. Mais si vous êtes un expatrié ou que vous avez une bonne situation à Singapour, alors la ville offre un cadre de vie exceptionnel.

Le quartier d’affaires est impressionnant de gratte-ciels, innombrables, impeccables, reflétant le bleu du ciel. La baie et la marina très proches sont des lieux exceptionnels où architecture moderne, jardins et nature se marient à merveille.

 

Nous enfourchons un tandem pour parcourir la baie depuis East Coast Park jusqu’à la marina, une très jolie balade qui nous rappellera la skyline new-yorkaise que nous avions l’habitude d’admirer de Brooklyn. Les familles Singapouriennes envahissent les lieux en fin de semaine, s’adonnant au roller ou passant la journée autour d’un barbecue géant.

Nous monterons en haut du singulier “bateau” qu’on dirait déposé au sommet des tours du Marina Bay Sands et apprécierons le panorama depuis la plus haute piscine du monde. La vue sur la ville est magique.

 

Nous rejoindrons ensuite le symbole de Singapour: le Merlion. Animal bizarre composé d’une tête de lion sur un corps de sirène, il est devenu le logo de la ville.

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Après avoir parcouru la place d’affaires, les quartiers communautaires, avoir profité de l’air climatisé dans les galeries commerciales, découverts les nombreux food courts, pris l’air dans les parcs et exploré marchés de nuit et bars à tapas branchés, après avoir passé 4 jours à Singapour, nous nous demandons ce qu’il reste à découvrir… et c’est en parlant avec des expatriés que nous réalisons que Singapour est un espace réduit mais stratégiquement positionné en Asie du Sud-Est! Ceux qui le peuvent s’aèrent l’esprit à l’étranger dès qu’ils le peuvent: Indonésie, Thaïlande, Malaisie, Vietnam, Cambodge… sont la porte à côté et offrent des destinations bons marché pour les expats en manque d’exotisme dans la ville-Etat…

Nous avons eu la chance d’être accueillis par des Singapouriens de souche et des expatriés à Singapour, ce qui nous a permis d’avoir un aperçu de la vie de chacun dans cette ville incroyable.

 

D’abord conquis par l’ambiance de la ville, son côté cosmopolite et divers, sa modernité, nous avons pris un peu de recul en découvrant la face cachée du pays, mais nous restons tout de même bluffés par le développement hallucinant de ce pays en l’espace d’une cinquantaine d’années.

Singapour dans les années 60.

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