Shark Bay sous toutes ses teintes

De Carnarvon au nord de Kalbarri s’étend Shark Bay, un segment de la côte ouest Australienne, prompt à vous en mettre plein les mirettes et à vous révéler des paysages à couper le souffle. Nous prenons notre temps pour profiter pleinement de ce petit coin de paradis et en apprécier toutes les couleurs…

Blanc comme l’écume

Du vent, du vent, du vent! Voilà qui résume bien le printemps dans cette partie du monde, saison des cyclones et des bourrasques. La mer s’agite, les terres sont balayées, d’éphémères petites tornades de sable apparaissent en bordure de route, et l’océan Indien vient se fracasser contre les falaises de la côte en nuages d’écume.

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Le vent est assez pénible la nuit, faisant danser la toile de tente, mais il offre un spectacle ravissant en journée, provoquant les tumultes de l’océan… Les blowholes de Carnarvon prennent toute leur puissance à marée haute, alors que les vagues déchainées se brisent contre la falaise en une mousse blanche aérienne, et qu’un geyser sort soudain des rochers, prenant les spectateurs par surprise.

Tel un feu d’artifice marin qu’on observe d’en haut avant de reculer, impressionnés, par un bouquet final qui s’élève bien au dessus de nos têtes sans qu’on comprenne exactement comment! Un blowhole (nous évitons volontairement la traduction littérale peu flatteuse de “trou qui souffle”) est en fait un trou dans la roche du littoral, dans lequel l’eau s’engouffre avant d’être repoussée à l’extérieur par la pression.

Nous en avions vu à Hawai mais ceux de Shark Bay nous ont… soufflés!

De l’écume, on en trouve plus au sud également, le long des impressionnantes falaises de Kalbarri.

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Au cours d’une randonnée au sommet des falaises (Bigurda trail), nous nous émerveillons des couleurs de l’océan et du tumulte des vagues en contrebas, si bien brassées, brisées, fracassées que l’écume qui vient noyer les rochers sombres semble une mousse légère et aérienne. Le contraste est fort et le spectacle qui dure sur 8 kms jamais lassant!

Toutefois le blanc n’est pas la couleur dominante de Shark Bay. Elle apporte puissance ou légèreté aux paysages côtiers mais n’est que contraste dans ce monde bleu…


Du turquoise au marine, le bleu est roi

Nous sommes au bord de l’océan Indien, les pieds dans l’eau, évidemment, le bleu domine mais c’est une véritable palette qui s’offre à nous!

Quand nos yeux se détachent des falaises de Kalbarri et se portent vers l’horizon, nous plongeons dans les eaux turquoises où passent des groupes de dauphins et quelques bateaux de plaisance.

Au loin, des eaux plus profondes au bleu soutenu accueillent les baleines voyageuses avec leurs petits, et nous distinguons les jets formés par leur souffle au sommet de leur dos noir luisant au soleil.

Le parc national de François Peron, à l’extrême pointe Nord de la péninsule de Shark Bay, est un endroit merveilleux. Nous y passons 2 jours, à la découverte de ses dunes particulières et de ses panoramas sur l’Océan Indien. Magique.

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Turquoise, bleu nuit, marine ou ciel, toute la palette est représentée dans ces eaux, au gré des bouquets d’algues ou des bancs de sable qui teintent l’océan. Shark bay étant un espace protégé, c’est devenu un refuge pour la faune locale qui prolifère, et il nous suffit de nous poster au sommet des falaises du Cap Peron pour observer la vie sous-marine en contrebas. Les eaux sont si claires que les silhouettes des requins de récif, des raies et des lamantins se détachent assez clairement pour que nous puissions suivre leurs activités et trajectoires 45m plus bas.

Nous faisons aussi la rencontre des cormorans qui ont ont élu domicile sur les plages du Cap. Ou du fameux thorny devil, un drôle de petit lézard aux allures préhistoriques. Sur terre ou dans l’eau, on ne sait plus ou donner de la tête à Cap Peron!


Ocre, doré ou blanc, le sable se dévoile

Qui dit océan dit plages, dit sable, mais à Shark Bay, le sable aussi nous dévoile tous ses charmes. Les dunes de Cap Peron d’un orange ocre contrastent vivement avec les plages de sable blanc et les eaux turquoises de l’océan. Ce sable rouge est caractéristique de la péninsule et marque la limite entre bush et océan.

Un peu plus bas dans la péninsule, nous établissons domicile à Eagle Bluff, la plage nous sera réservée jusqu’au lendemain…. Au soleil couchant dans les dunes peignées par le vent, nous admirons les couleurs chaudes qui se reflètent dans l’océan et enfouissons nos pieds dans le sable fin encore chaud de la journée. On est tellement bien ici qu’on campera sur la plage, bercés par le bruit des vagues, seuls au monde…

Puis on arrive sur Shell Beach… De loin, une jolie plage de sable blanc. De près, des millions de minuscules coquillages agglutinés les uns sur les autres sur des mètres d’épaisseur, et qui transforment ce bord de mer en une plage originale qui s’étend à l’infini.


La surprise rose

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Des eaux turquoise et du sable, voilà les éléments caractéristiques de Shark Bay. Nous ne nous attendions donc pas à trouver, à Port Gregory, un lac rose! Ca n’est ni une illusion d’optique, ni une retouche photo mais bien un lac immense au rose bubble gum. Une algue spéciale peuple ses eaux, la Dunaliella Salina, et y laisse sa trace en produisant de la carotenoid, source de bêta-carotène, ce qui donne à l’eau cette couleur surprenante.

On avait découvert les plages de sable rose en Indonésie (qui acquièrent leur couleur grâce aux fragments de coraux qui se mêlent aux grains de sable) mais jamais nous n’avions mis les pieds dans l’eau d’un lac fushia, c’est une première!


Rouge et vert, aux couleurs des terres australes

Pourtant, il n’y a pas que des plages sur la côte Ouest, le parc national de Kalbarri en est un bon exemple. Composé de formations rocheuses datant de près de 400 millions d’années, de gorges creusées par la rivière Murchison et de panoramas spectaculaires, on change de spectre et du bleu, on passe au vert & rouge!

D’immenses formations calcaires qui furent un jour au fond de l’océan s’élèvent aujourd’hui bien au dessus du niveau de la mer. De nouveaux contours sont apportés par la végétation alors que le vent peaufine le relief et la rivière continue de creuser son chemin, petit à petit, sans jamais cesser de transformer ces paysages millénaires. Certains points de vue nous ramènent à nos pérégrinations dans l’Ouest des États-Unis, on pense à Horseshoe Bend, Zion Park et aux reliefs des canyons américains.

vagabondays-australia-kalbari-4 vagabondays-australia-kalbari-59Les randonnées sont donc au programme, filet sur la tête pour échapper aux agaçantes mouches Australiennes, à travers les magnifiques points de vue et gorges de Kalbarri. On retrouve ces falaises de terre rouge que nous avions découvertes à Kakadu ou Karijini NP et qui forment les reliefs de la côte ouest mais remarquons que la végétation est ici plus dense et les paysages moins arides.

Shark Bay nous a clairement impressionnés. Nous y serons restés près de 7 semaines (dont 4 à travailler et 1 en volontariat avec les dauphins de Monkey Mia) mais n’avons cessé d’admirer ses paysages côtiers fantastiques et ses plages magnifiques. Je pense qu’il nous sera difficile de trouver de plus jolis paysages désormais, mais ça… seul l’avenir nous le dira!

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